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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 21:00

Dans son journal, Jean Suraud fait de nombreuses allusions aux événements qui se sont déroulés au Siaix début juin 1944. Des témoins directs ont raconté ces événements. Le premier témoignage est celui de André Perrier, qui avait fait partie du premier maquis des réfractaires au STO de la région de Moûtiers et qui devint membre de l'Armée Secrète, section Pomblière - Les Plaines.  André Perrier, après la guerre, assura pendant de longues années des responsabilités municipales en étant maire de Saint Marcel.

 

" Mardi 6 juin 1944. — Nous apprenons avec joie en fin de matinée le débarquement allié en Normandie.
Nous quittons notre lieu de travail de l'Usine de Pomblière, dans l'après-midi avec ordre de nous rendre sur le tunnel routier du Siaix.
Nous nous retrouvons une dizaine de camarades de l'Armée secrète, section Plombière/Les Plaines, et nous attendons l'arrivée d'un Camion qui dort nous apporter des explosifs pour procéder au minage de l'ancienne route 90 qui passe au-dessus du tunnel.
A la tombée de la nuit, tout le groupe entreprend avec ardeur, un travail assez difficile vu l'endroit pour accéder à la niche, qui se trouve sous la chaussée ; le contenu de 15 caisses de dynamite, ainsi que des tubes en acier, garnis de plastic y seront introduit, le tout sera couver avec des pierres et de la terre. La préparation terminée, nos camarades nous quittent pour rejoindre le secteur qui leur est assigné.

Je reste avec mon bon camarade Fiasco Constant, qui avec ses capacités d'artificier, place les détonateurs, le cordon détonant et de la mèche lente que nous camouflons le mieux possible sous les herbages.
Il est 3 heures du matin ! Nous nous retirons tous les deux dans une infractuosité de rocher pour passer le restant de la nuit.
Mercredi 7 juin. — 6 heures du matin, nous sommes réveillés et surpris par une explosion ?
C'est l'œuvre d'autres camarades, qui viennent un peu prématurément, de faire sauter la voie à la sortie du tunnel ferroviaire, derrière le Mont Saint-Jacques.
La Matinée est relativement calme — pas de circulation.
L'après-midi nous sommes surpris par l'arrivée de 4 camions de soldats allemand, venant de Bourg-Saint-Maurice, qui s'arrêtent à la sortie du tunnel, côté Saint-Marcel. Nous attendons avec impatience leur départ.
Aucun ordre ne nous ayant été transmis, nous n'avons pu intervenir.
Deuxième nuit dans notre refuge !
Jeudi 8 juin. — Le temps est beau, ensoleillé, tout est calme, nous voyons nos camarades installés à leur poste de combat de l'autre côté de l'Isère, face au tunnel.
Avant midi, nous sommes prévenus qu'une colonne allemande descend à pied de Bourg-Saint-Maurice et devrait se présenter vers nous, vers 16 heures.
Exactement vers 16 heures, les premiers éléments avec une armada de chevaux se présentent en vue du tunnel.
Nous faisons rouler les blocs de pierre, que nous avions disposé au bord de notre emplacement, pour les stopper, afin de permettre la mise à feu du dispositif.
Les Allemands se tassent contre la muraille ; certains réussissent probablement à atteindre le tunnel.
L'explosion formidable ébranle le secteur, des masses de pierre s'abattent dans un nuage de poussière sur la nationale 90.
Les armes automatiques, et les fusils de nos camarades entrent alors en action, la colonne ne peut passer ; le détachement suivant reste sur la ligne droite en avant du tunnel, côté Centron.
Cette action va durer environ 3 heures de temps. Les Allemands mands qui s'arrêtent à hauteur de la ferme Camusso, semblent observer ce qui se passe, et font demi-tour.
Mon camarade va encore porter un pli à des camarades sur l'autre rive de l'Isère, et reviendra vers moi, nous sommes à mi-pente de la montagne face au village de Saint-Marcel ; mais plus téméraire que moi, il décide de tenter de rentrer à son domicile.
Il reste sur place, me hisse sur un gros rocher où j'assiste de cet observatoire au déroulement de la contre-attaque allemande venant de la Direction de Moutiers.
En juin, les jours sont longs ; il est environ 19 h 30-20 heures, l'ennemi atteint le secteur de l'Église de Saint-Marcel et ouvre un feu violent sur nos camarades en poste à Rochefort ; d'autres sont sous l'aqueduc au Bermonds ; d'autres groupes sont sur le massif rocheux entre la gare et les Plaines, quelques camions sur la route nationale, quand soudain sous la protection de tirs de mitrailleuses, et fusils-mitrailleurs, un groupe s'élance sur le pont des Plaines et incendie les premières maisons ou 6 civils trouveront la mort.
Je vis une nuit angoissante ; Les Plaines qui brûle ; près du Siaix, la ferme Camusso subit le même sort.
Vendredi 9 juin. — Le jour se lève, des soldats allemands circulent sur la nationale 90. Je me rapproche, par la forêt, de mqn domicile, la gare de Pomblière-Saint-Marcel, j'observe attentivement le secteur, j'ai de l'appréhension, finalement je me décide, je rentre, il est 13 heures environ.
Samedi 10 juin. — Mon camarade Piasco Constant est venu me rejoindre à mon domicile, au début de l'après-midi, nous sommes surpris en voyant passer un détachement allemand à pied qui monte vers Saint-Marcel.
Nous verrons que une heure et demie après, le but de leur visite; mettre le feu à une grande bâtisse au lieu-dit « La Pérouse », tout près du tunnel — puis leur forfait accompli, ils regagnent Moutiers, non sans que leurs chefs, deux officiers, soient venus utiliser le téléphone de la gare, pour rendre probablement compte que leur mission était accomplie.
Nous sommes tous les deux, avec ma famille, pas très rassurés.
Dimanche 11 juin. — Tout est calme — L'ordre de dispersion étant donné ; le lundi 12 juin, nous reprenons notre place au travail à l'usine — et stupeur — mon camarade Piasco Constant me prévient, dans la journée qu'il est convoqué à 18 heures à l'Hôtel Moderne à Moutiers, siège de la Police allemande, où il sera questionné sur l'attaque qu'ils ont subit au Siaix. Vers 20 heures, il est de retour, quel soulagement ! mais il me prévient qu'il faudra être encore plus vigilant.
Suite à cette attaque du 8 juin, les Allemands installeront un poste de surveillance d'une douzaine d'hommes au Siaix."

 


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  • : Durant la Seconde Guerre mondiale la vallée de la Tarentaise (Savoie) a été particulièrement marquée par l'implantation des maquis et des mouvements de Résistance (Libération, Armée Secrète, FTP). Grâce à la Mission interalliée Union, des parachutages importants ont pu se faire et ont permis aux Forces Françaises de l'Intérieur de libérer la vallée.
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