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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 20:48

A l'initiative de la commune un très beau travail a été fait pour redonner tout son éclat au bronze de la statue de Jonchère qui orne le Monument à la mémoire de la Résistance en Tarentaise.

 

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C'est l'occasion de rappeler qui fut ce grand sculpteur.

 

Victor Jules Evariste Jonchère naît à Coulonges les Hérolles dans la Vienne, le 8 juillet 1892. Il grandira dans la maison familiale d’Uzerche en Corrèze.
A 16 ans, Jonchère est admis, à Paris, à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts. Il sera l’élève de Mercié et de Boucher.
Obtenant le grand prix de Rome, en 1925, il travaille quatre années dans le cadre de la villa Médicis avant d’aller enseigner à l'École des Beaux-Arts du Havre. Le prix Indochine, en 1932, va le conduire deux années au Vietnam, puis en Mandchourie, au Japon, à San Francisco et à Terre-Neuve.
 Rentré à Paris, il participe à l’exposition universelle de 1937 et, l’année suivante, il est nommé directeur de l'École des Beaux-Arts d’Indochine à Hanoï. Succédant à Victor Tardieu, il y restera jusqu’en 1944. Jonchère va y jouer un rôle considérable à la charnière entre les traditions européennes et asiatiques.
De retour en France dans la période difficile de la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s’installe quelques temps à la Balme de Sillingy, en Haute Savoie, où il cultive la terre d’une petite propriété.
Il poursuit son activité de créateur, travaillant en particulier pour le palais de l’Elysée. C’est durant cette période qu’il se consacrera également à la commande moûtiéraine.
1952 marque un nouveau départ. Jonchère va découvrir l’Afrique. Il  est directeur de l’École supérieure de Brazzaville. Il y restera jusqu’en 1955.
Jonchère est décédé à Paris, le 22 février 1956.

On a écrit de Jonchère que : « Tout en ayant un parcours assez typique, organisé autour de trois pôles : les commandes officielles, l’enseignement, la création personnelle, la vie et l’œuvre d’Evariste Jonchère sont particulièrement intéressantes. Il a, en quelque sorte, poussé à l’extrême ces trois activités, qui témoignent non seulement de son grand talent mais aussi d’une capacité de travail exceptionnelle ». (Catalogue de l’exposition Paris – Hanoï – Saïgon, l’aventure de l’art moderne au Vietnam).

 

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Le monument et donc la sculpture ont été installés en 1952. Une présentation intéressante en a été faite dans le numéro du samedi 14 juin 1952 de la Renaissance savoyarde, hebdomadaire local alors imprimé à Moûtiers.
« Le voyageur qui parcourt le pays de Savoie rencontre assez fréquemment le long des routes, dans les agglomérations, sur les chalets de montagne, de simples stèles ou de modestes plaques de marbre rappelant que là eut lieu tel combat, que les soldats de la Liberté, un tel ou un tel, ont donné leur vie pour la France.
Ces objets du souvenir se complètent peu à peu par de plus imposants monuments qui sont, eux, des témoignages de reconnaissance. Ce sont de simples ‘merci’ que la population épargnée rend aux sacrifiés et ce sont des ‘respectes et médites’ qui s’adressent aux générations montantes.
Depuis 1947, s’est formé un comité – sous l’impulsion de M. Lungo – ex commandant F.F.I du bataillon de Haute Tarentaise, pour ériger un monument à la mémoire des 224 Morts des groupes combattants ou résistants de la vallée.
De nombreux projets furent étudiés. Finalement le lieu d’érection fut arrêté à Moûtiers, capitale historique, géographique et berceau de la Résistance de la Tarentaise.
Les membres du comité fixèrent leur choix sur un projet présenté par M. Maire, architecte, car le projet paraissait bien symboliser la lutte de la Résistance contre l’envahisseur : un bloc de pierre brute en forme de carène, plein d’un élan vigoureux vers l’avant et vers le haut et conduisant le regard au symbole de la patrie libérée brisant dans sa farouche énergie les chaînes dont elle était chargée.
Cette statue est l’œuvre de M. Jonchère, grand prix de Rome de sculpture. Elle est actuellement exposée au Salon des Beaux-Arts, à Paris.
Voici d’ailleurs l’extrait d’une lettre de M. Jonchère en date du 4 juin. « Je suis heureux de vous faire savoir que la statue de la Résistance de Tarentaise vient d’avoir un gros succès à Paris. Le jour du grand vernissage du « Salon des Artistes français » au Grand Palais, il y eut des attroupements devant « notre figure » et les réflexions étaient très flatteuses. Lors de la visite du Président de la République, ce dernier s’est arrêté longuement devant mon œuvre et a tenu à me féliciter personnellement. »
L’an dernier déjà, son auteur se vit décerner la médaille du salon pour le monument élevé à la gloire du général Leclerc à Douala (Cameroun).
Le socle, en marbre, est taillé et fourni par les marbriers Michelon, d’Albertville, et Maironi, de Villette.
Ainsi, la Tarentaise gardera un souvenir durable des combats qu’elle a livrés et donnera généreusement à ses enfants et aux voyageurs la leçon des sacrifices.
Le 29 juin prochain aura lieu l’inauguration.
Elle attirera la foule comme l’a fait la Résistance et sera simple comme ont été ses combattants.
Les A.S de Tarentaise viendront tous, le 29 juin, à Moûtiers, où ils sont convoqués, avec autant d’espoir et de foi que lors de la mobilisation de 1944. Ils y rencontreront la tristesse de compter les rangs vides, l’émoi d’avoir remercié un peu leurs camarades de combat disparus et les familles durement frappées auxquelles ils rendront un pieux hommage. »

 

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Le comité qui œuvra pour cette réalisation avait été placé sous la présidence de Jean Resler, assisté de Joseph Bardassier et Maurice Favre. Le premier projet de l’architecte Maire est daté du 31 juillet 1948. Il sera profondément remanié – passage d’une sculpture en pierre d’Euville à une statue de bronze -, et le projet final sera accepté par l’Etat le 5 mars 1951. C’est l’architecte municipal Rey qui sera chargé du réaménagement du square. L’ensemble de la réalisation s’élèvera à la somme de 2 099 705 francs.
La femme, symbolisant la Résistance de Tarentaise,  est campée à la pointe d’un roc, torse bombée, les bras, déliés de leurs chaînes, levés vers le ciel, en V. Un cri s’échappe du personnage, qui n’est pas sans rappeler la Marseillaise de Rude. On peut enfin remarquer le pantalon bouffant qui évoque l’Indochine chère à Jonchère.
Le socle de la statue, en pierre de Chauvigny, comporte les inscriptions suivantes :
- Face sud-est : La Résistance de Tarentaise au service de la France
- Face ouest : Ses sacrifiés : 74 morts au combat, 64 morts en déportation, 60 fusillés, 26 victimes civiles
- Face sud-ouest : AS - FTPF
En 2003, une croix de Lorraine a été apposée sur ce socle.

 

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Le Square de la Liberté après son réaménagement en 1952

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Présentation

  • : La Résistance en Tarentaise
  • : Durant la Seconde Guerre mondiale la vallée de la Tarentaise (Savoie) a été particulièrement marquée par l'implantation des maquis et des mouvements de Résistance (Libération, Armée Secrète, FTP). Grâce à la Mission interalliée Union, des parachutages importants ont pu se faire et ont permis aux Forces Françaises de l'Intérieur de libérer la vallée.
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